mercredi 25 septembre 2013

INSEP - 09/09/13 - J 1 - Caféteria

Les bas de survêtement relevés, un gros sac de sport sur l'épaule, un bout de strapping qui dépasse du genou ou de la cheville, je connais, reconnais, ce sont des sportifs, dans tous les sens.
Normal je suis à l'INSEP... Je passe l'accueil et me dirige vers le bâtiment "CRYO", mon gros sac moi-aussi, sur l'épaule. Sac de radios, d'IRM et de bilans sanguins que je vais montrer au Rhumatologue qui m'attend pour mettre en place la semaine de traitement qui devrait m'aider...
J'ai le cœur gros, aussi.
Sportif n'est pas un métier qui dure. Et portant c'est un métier addictif. Alors là, c'est douloureux de voir ces jeunes gonflés d’adrénaline. C'était hier...

Ce rendez-vous va être exceptionnel pour moi. En regardant tous mes examens, le médecin me dit :
-"Vous avez mal. Oui, vous avez cumulé blessures et sur-sollicitation... Oui... mais..."
-"Mais quoi ?". Je m'inquiète, il semble absorbé par mes radios (;-)...depuis 30 ans on me dit, partout et tout le temps, que c'est NORMAL d'avoir mal quand on fait autant de sport !
-"Mais non, pas que..."
-"Comment ça : mais non pas que ?"

Et voilà qu'un médecin, pour la première fois de ma vie, m'explique que l'activité sportive n’empêche pas certaines pathologies et que c'est à mon âge, parfois, qu'on s’aperçoit chez le sportif professionnel qu'un autre problème (que celui de faire trop de sport) peut être passé inaperçu, en sous-marin.
Regardant mes radios/IRM, en particulier celles du dos, il me dit penser à la Spondylarthrite...
Blanc...
Je connais le mot "spondylarthrite", qui va avec "ankylosante" (sa copine)si je ne me trompe pas. Je suis inquiète et il va décider d'explorations nouvelles pour poser le diagnostic.
La Cryothérapie fonctionne plutôt bien sur cette maladie...Voilà de quoi cogiter quelques jours !

Je descend vers le service de Cryo, l'infirmière m'y attend. Je serai la seule patiente, cette semaine.
En maillot donc, protégée aux extrémités par des chaussettes, doubles gants, protèges-oreilles et masque devant le nez... Je ne ressemble plus à grand chose, j'appréhende un peu. En fait je suis émue aussi. J'ai tellement fantasmé cette thérapie comme LA solution qui, à coup sur, allait m'aider enfin, pour de bon, pour un moment. Bref, ne plus entendre "C'est normal d'avoir des douleurs quand on a fait beaucoup de sport".

J'ai peur en fait, que ça ne fonctionne pas.

Briffée sur l'ouverture/fermeture des portes des différents sas, j'ouvre la première porte.
Une porte de frigo en fait.
Moins 10 degrés. Brrrrrrrr !
J'ouvre la 2 ème : c'est déjà irrespirable, mais en ouvrant la 3 ème je pense immédiatement à l'infirmière qui me suit de l'autre coté de la vitre. J'avise la porte à pousser en cas d'urgence, et le givre qui recouvre tout, moi-même très bientôt...
Alors là, bon, j'avoue que je me baigne et nage en Finistère nord, été comme hiver, dans la mer, sans combi, et que je suis sans doutes un peu entraînée au froid... MAIS LÀ, ALORS LÀ !!!!!
Là c'est lunaire.
En quelques secondes j'ai l'impression de me solidifier petit à petit : le duvet sur mes bras devient rigide, mes seins sont comme des obus (eh oui il faut bien 1 ou 2 truc marrant dans l'aventure) et toute ma peau se glace littéralement. Très vite je sens l'envie de m'appuyer sur la barre de bois qui fait le tour, j'aimerais m'asseoir, j'aimerais dormir !
J'ai l'impression que ce serait moins difficile de lâcher prise que de rester consciente à résister contre cet enfer... L'infirmière doit me rappeler de bouger et marcher.
J'ai le temps de penser que ça ne doit pas être si terrible de mourir de froid, il suffit d’arrêter de lutter (oui même là je réfléchis et devise avec moi-même, en fait il faudrait me faire une cryothérapie du cerveau).
Je fais tout comme indiqué, l'infirmière ne me lâche pas des yeux et m'indique le nombre de secondes passées, puis restantes... me prévenant que la dernière minute ça va "piquer".

Tu m'étonnes que ça pique la dernière minute ! J'ai envie de sortir, de hurler des gros mots horribles. J'essaye de ne plus penser. Je fais comme si je n'étais pas là.
"3 minutes"...
ELLE L'A DIT : C'EST FINI !

Je repousse et referme la 1 ère porte et je rigole : je sens une bouffée de chaleur en traversant le caisson à moins 60 ! Puis la 2 ème porte : moins 10, c'est carrément la fournaise ! (ou comment revisiter la théorie de la relativité !)

"- Alors comment vous sentez-vous ?"
"- Mais je ne sais pas, je, je ne sens plus rien en fait !"

Nous échangeons un peu pendant que j'enlève mon déguisement.
Je vais me reposer dans une petite salle où trône un fauteuil massant dont je vais abuser toute la semaine, blottie dans un plaid bien chaud. Puis j'irais manger et ce sera le moment de faire la deuxième séance.

Ce serait tellement miraculeux qu'en même temps qu'une explication à toutes mes douleurs je trouve comment les soulager, n'est-ce-pas ?

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